Du grec sunergia, ce qui signifie « coopération ». Pour être complet, le dictionnaire Larousse propose la définition suivante : « Mise en commun de plusieurs actions concourant à un effet unique et aboutissant à une économie de moyens : Profiter des synergies entre deux entreprises ». L´essentiel est dit. Dans une période où les ressources se raréfient, imaginer faire plus (ou du moins tout autant), avec moins de moyens est déjà une progression.
Le mot synergie peut avoir deux volets : Un originel, qui vient d´une coopération entre les individus et organisations ; Et un autre, son dérivé, qui serait davantage motivé par un esprit de compétition où chacun serait concurrent l´un de l´autre.
Dans le monde de l´entreprise, cette volonté de synergie, outre la mise en commun de compétences communes ou complémentaires entre deux organisations, est souvent motivée par une économie de coût. Dans certains cas, cette dernière peut être confiée à des « cost killers » chargés de faire la chasse à toute dépense « inutile », et cela peut même se traduire par le renforcement d´un avantage concurrentiel immédiat ou la préservation de ce dernier à moyen terme. Nuance à apporter toutefois car, s’il peut être aisé de récompenser l´obtention de meilleurs résultats financiers à courts terme, il ne faut pas oublier non plus de tenir compte du « business model » propre à chaque organisation, adaptée à chaque industrie. Enlever ou réduire drastiquement tout budget (par exemple) à des équipes en charge du département « innovation » peut s´avérer être une très mauvaise idée, sauf à considérer qu´il faut extraire de son jus les dernières gouttes d´un bénéfice qui avec le temps n´est plus aussi juteux que ce qui avait pu être retiré jusqu´à présent (dans le cas par exemple d´une revente potentielle au détriment d´un investisseur moins averti).
Que l´on assimile le mot « synergie » dans le monde économique à une « baisse des coûts » n´a rien d´étonnant. La course à la compétitivité auquel nous avons été (sommes) confrontés nous oblige à réduire au maximum les dépenses pour dégager soit un bénéfice des plus élevé (Ex : marché de niche), soit afin de (continuer de) proposer la commercialisation de services ou de produits à des prix de plus en plus compétitifs. Le but : Satisfaire encore et toujours un consommateur final (homo œconomicus) qui dans un élan de consumérisme prononcé souhaite avoir accès à un maximum de biens et de services à moindre frais.
Le rejet de la société de consommation n´est pas le propos de cet article. Au contraire, il s´agit de trouver l´art et la manière de satisfaire un maximum de consommateur en les « éduquant ». Pour ce faire, il faut tout autant d´ailleurs faire preuve d´humilité, en acceptant tout autant d´être éduqué à notre tour par des personnes qui font preuve de bonnes pratiques (en termes par exemple de recyclage des déchets). L´important étant l´habitude de valoriser dans le cas présent la prise en compte de ces matières « usagées » pour pouvoir acheter ultérieurement des produits « éco-responsables ».
La génération qui arrive, avec il faut l´espérer un niveau de conscience plus élevé, permettra de trouver, en collaboration avec ses ainés (nous), le moyen de préserver la survie de l´espèce humaine sur cette belle terre d´accueil. Quand on voit que des milliards sont injectés pour trouver un moyen de tenter de sédentariser l´homme sur une autre planète du système solaire, on se dit qu´on est en train de passer à côté de l´essentiel.
Car, combien de fois dans l´histoire de l´humanité avons-nous eu la responsabilité individuelle et collective d´assurer la survie (plus que le déploiement) de l´espèce homo sapiens sapiens ?
Depuis ces trois millions d´années qui ont été nécessaires pour arriver à une forme de « maturité », il semble que le problème soit dans la solution. Les deux principales théories de l´évolution de l´espèce oscillent entre compétition et coopération. Pour quelle raison avons-nous voulu nous faire croire, depuis plusieurs décennies, que la seule compétition entre les individus et les organisations étaient l´essence même de toute progression ?
Est-ce délibéré d´avoir ôté la partie collaborative évidente chez l´homme, qui fait que le nouveau-né doit sa survie au bon vouloir de sa tribu ? Nota : A la différence de tellement d´espèces animales (mammifères) capables, après quelques jours seulement, de se tenir sur pattes et d´être des plus autonomes, le nourrisson est lui entièrement dépendant de sa famille d´accueil.
Sans coopération donc entre les êtres, dès les premiers jours de notre vie, en tant qu´être humain nous n´aurions même pas eu la chance de survie. Ce rappel de bon sens permet de mettre en exergue l´importance que nous avons l´un pour l´autre, la responsabilité l´un envers l´autre, pour la construction d´un collectif ; Et n´ayons pas peur des mots, d´un monde meilleur. Si l´esprit de compétition peut perdurer, à ce stade de notre évolution, il semble nécessaire de laisser une plus grande part de « coopération » entre les professionnels et les organisations. En effet, trouver une issue favorable à une même problématique abordée, dans un intérêt commun, parfois même pour une cause qui nous dépasse, semble naturellement s´imposer. Le « mentoring » ou le « co-mentoring » tend à se démocratiser. Il répond à ce besoin de créer des synergies entre les personnes et les individus, de réfléchir « ensemble ».
Le mot synergie du grec sunergia, qui signifie « coopération » est tout aussi proche du mot « énergie » issue de la même racine qui signifie « force en action ».
Pour faire le lien entre ces deux concepts (synergie et énergie), à titre individuel, faire une économie de moyens pourrait suggérer l´idée par exemple de mieux canaliser son énergie pour l´orienter vers une cause (orientation de carrière, mode de vie…) qui nous anime ou nous convienne davantage.
Et si l`ère post-confinement ouvrait une période nouvelle où l´esprit de coopération (plus que de compétition) devenait la norme dans notre mode de fonctionnement individuel et collectif ?
La période qui nous concerne, nous challenge à titre individuel et collectif, et l´approximation n´a plus vraiment sa place dans cette ère nouvelle. Un degré d´expertise, que ce soit dans un domaine ou dans un autre, a une valeur pour celui ou celle qui en a besoin.
Pour conclure, si vous pensez donc qu´il est temps de prendre le temps de faire quelque chose d´utile pour le collectif (même quelques heures par semaine, même en plus de votre activité) alors, pour quelle raison attendre davantage ?
Imaginez un seul instant que tout soit possible.
Quelle est cette idée ou cette envie qui vous anime et que souhaiteriez matérialiser ?
Quelles sont vos sensibilités naturelles (talents et dons) que vous avez depuis trop longtemps enfouies ? Que souhaiteriez-vous apporter aux autres ?
Et, si vous aviez la possibilité à votre échelle de mettre davantage « d´énergie » à créer de la valeur sur le marché que feriez-vous ? Pour qui ou pour quoi travailleriez-vous ? Pour quelle cause ?
Un bon cheminement…
Mickaël Garin