S’il y a bien un mot qui a son simple énoncé suscite déjà des émotions c’est bien le mot « aventure ». Déjà pour la variété de ses significations. Et ensuite pour ce qu’il déclenche au fond de chacun de nous.
L’aventure est un concept challengeant qui ne laisse personne (ou presque) indifférent. C’est un mot qui percute, embête, « titille » autant qu’il fait vibrer, nous redonne le sourire et même un certain espoir. L’aventure, dans l’inconscient collectif, est souvent le fait d’aller découvrir de nouvelles contrées. Lointaines, ou près de chez soi, avec le temps nous constatons finalement que peu importe l’endroit où nous allons, car pour vivre au mieux son aventure, c’est avant tout une question d’état d’esprit.
« Ce n’est que dans l’aventure que certaines personnes réussissent à se connaître – à se retrouver. » André Gide.
L’aventure permet de se forger une force de caractère, d’affirmer une envie profonde d’aller de l’avant ; De se (re)découvrir, d’avoir ses cinq sens en éveil quant au fait d’appréhender un nouvel environnement. Par la force des choses, on s’adapte à ce dernier et on apprend à mieux se connaitre. Il y a maintenant quinze jours que je suis revenu d’une aventure exceptionnelle en compagnie d’un ami, Julien, qui a réalisé le tour de Chypre à la nage et en paddle. Pendant pratiquement trente jours (précisément du 02 avril au 30 avril 2022), nous avons parcouru l’ile de Chypre (côté Grecque) et sillonné chaque recoin de ce paradis méditerranéen. Nous dormions dans un van, « Bob » (celui de la photo), aménagé pour l’occasion ; Lorsque Julien nageait, je déplaçais le van jusqu’à notre prochain point de rencontre et revenais en marchant le long de la côte à sa rencontre. Au-delà de l’aventure en elle-même, c’est surtout nos conversations, nos aspirations, nos doutes autant que nos illusions qui auront nourri considérablement ce voyage, à la fois intérieur et extérieur.
Le sentiment d’avoir vécu une aventure transformationnelle est bien réelle.
Prendre le temps d’avoir le temps pour justement mieux le gérer et l’utiliser, voilà un des nombreux apprentissages de ce périple. La volonté est maintenant de proposer prochainement un cadre afin que d’autres personnes puissent bénéficier des bienfaits de ce lieu magique qu’offre Chypre.
Pour revenir au concept d’aventure, il n’est toutefois pas nécessaire de faire des choses hors du commun pour en vivre une.
Pour un enfant qui rentre à l’école pour la première fois, au milieu des cris et de l’agitation excessive autour de lui n’est-il pas déjà dans la peau d’un petit – plutôt immense – aventurier ?
Voilà près de trois ans qu’il a à peine côtoyer d’autres enfants de son âge et passe la majorité de son temps dans un contexte « connu », près de ses proches. Du moins depuis qu’il est venu au monde. Et là brusquement, par un premier matin de septembre, ce petit garçon ou cette petite fille est lâché(e) dans l’arène. Presque au milieu des « fauves » qui comme lui ne savent pas très bien ce qu’ils font là. Les yeux pour certains sont remplis de larmes. D’autres regardent et observent du coin de l’œil le déroulement de la scène. Quelques enfants sont blottis dans les jupes de leurs mères, quand d’autres ne veulent pas lâcher cette main qui se veut rassurante. Plus rares sont ceux qui à cette première occasion se montrent assez indépendants. Néanmoins, pour tous, ce premier saut dans l’inconnu aura marqué de son empreinte le fait que, dans certaines situations, le seul choix que l’on ait est tout simplement de ne pas en avoir.
A l’adolescence, aborder une fille, ou un garçon qui nous plait, reste une aventure. Que dire ? Quoi faire ? Comment réaliser ce premier pas ? La résultante de ce questionnement – avant la mise en action – est souvent la même : Les palpitations du cœur s’accélèrent, les mains tremblent, on devient rouge et on a du mal à s’exprimer. Combien d’entre nous avons éprouvé ce genre d’émotions ? En éprouve parfois ? Là encore il s’agit d’une aventure sur le chemin de l’affirmation de soi. Et quel avancement pour celles et ceux qui ont su braver leur timidité pour aller à la rencontre de l’autre, avec l’espoir (parfois déchu) que cet attrait physique et/ou émotionnel soit réciproque.
Pour paraphraser Nelson Mandela : « Dans la vie, soit on réussit, soit on apprend ».
Au final, que l’on choisisse ou que l’on subisse, avec l’accumulation des expériences on se forge d’une manière ou d’une autre ses croyances et son caractère. Au fond, nous avons tous une part d’aventurier. Que l’on décide d’aller vivre dans un nouveau pays, d’acheter pour la première fois un appartement, de changer de travail et revivre ce premier jour où nous arrivons dans une nouvelle structure avec l’étiquette du « nouveau », nous sommes par décision ou obligation souvent des aventuriers des temps modernes.
Par exemple, quelle angoisse pour les personnes qui ont peu l’habitude de prendre un vol, à fortiori avec un temps de transit des plus court lorsque la destination est lointaine. De même trouver une ligne de bus qui nous conduit à lieu est assez stressant quand nous sommes entourés d’une foule massive, dans une langue peu commune. Idem, le fait de ne pas savoir où dormir le soir car ce lieu dépendra d’un temps de trajet encore approximatif au moment du départ le matin.
Accepter de ne pas savoir avec exactitude ce qui va se passer est une première étape nécessaire dans l’acceptation des évènements. Le connu à priori rassure quand l’inconnu inquiète l’homme ou la femme occidentale que nous sommes. Conditionné par une société qui fait tout pour diminuer le risque, protéger au mieux sa population, nous en oublions presque que la nature même de notre espèce s’est développé en fonction du risque.
Nous savons intuitivement que progresser est essentiel car il nous permet de converger vers le bonheur. Oser pour exister, s’affirmer. Vivre son aventure intérieure pour se rapprocher au maximum d’un sentiment de satisfaction, de bien-être. Cette forme de récompense est bien la conséquence du sentiment d’être allé au bout de son aventure. D’avoir fait le nécessaire, d’avoir « tout donner » pour reprendre la formule consacrée aux sportifs.
L’aventure nous éloigne de ce que nous connaissons, parfois des personnes que nous aimons. C’est une volonté marquée d’aller au-devant, presque une nécessité urgente de sortir de sa « zone de confort » pour expérimenter de nouvelles choses et in fine changer de paradigme. A court terme, nous pouvons expérimenter un sentiment tel que du stress, de l’énervement ou de la frustration ; Ou au contraire se sentir boosté par une forte dose d’adrénaline (car pris dans le feu de l’action nous oublions tous nos maux). Au moment où l’aventure prend fin, un sentiment incroyable d’accomplissement parcourt notre corps. Dans tous les cas, on ressort très souvent grandi d’une aventure et ses effets perdurent bien après sa réalisation, car il arrive que l’on ait le sentiment légitime d’être devenu une meilleur version de soi-même.
Pour conclure, et il s’agit là de mon apprentissage, l’aventure nous éloigne de ce que nous sommes artificiellement (ou pensons être) pour nous rapprocher de ce que nous sommes réellement (dans notre essence).
Et vous, quelle est votre aventure – défi ou challenge – du moment que vous avez envie de relever ? Prêt ? Partez…
Un bon cheminement,
Mickaël Garin
NB : Merci à Julien Mevel pour cette incroyable aventure vécue et partagé ensemble, filmée en partie dans ce documentaire : https://www.youtube.com/watch?v=3Z9uyncydyY&feature=youtu.be