La foi

Se lever un matin et se rendre compte que rien ne va. Regarder à l’extérieur les gouttes d’eau qui viennent s’écraser sur les vitres, laissant au passage, à chaque micro-choc, un bruit qui nous donne l’impression d’être en train d’imploser de l’intérieur. Se rendre compte que cette souffrance interne nous est propre et qu’elle nous appartient. Que nul ne peut la saisir. Difficilement explicable, difficilement transposable. Comme si dans ce bas monde, chacun devait se trouver souvent seul face à ses angoisses, ses démons intérieurs.

Dans ce genre de moment où l’on se trouve en « bad », il ne faut pas se mentir. Ce qui prédomine est le sentiment de se sentir seul, parfois incompris. Se trouver démuni face à autant d’enjeux auxquels nous devons faire face. Ne plus savoir par quel bout prendre les choses en mains. Ce sentiment d’impuissance, d’impotence nous effraie autant qu’il peut nous faire grandir. Dans ces périodes de tourments, la conclusion est souvent la même : L’autre finalement ne comprend pas, ou si peu. C’est donc à soi, disons à nous, en fait à chacun de se « dépatouiller » avec ça. De régler son(ses) problème(s) qui peut(peuvent) devenir récurrent dans notre vie. Certains manquent de constance, quand d’autres considèrent la nécessité de disposer d’une meilleure organisation ou à souhait d’une meilleure vision. Il y aurait ceux qui savent et ceux qui font. Comme si chacun au fond devait choisir entre l’analyse et la mise en action. Comme si l’intellectuel ne travaillait pas et le manuel ne réfléchissait pas.

Cette dichotomie entraine souvent une forme de souffrance, de désunion du soi qui finalement conduit à une forme de lassitude avec le temps. Si chacun a quelque chose de bon à offrir au monde, souvent le parcours pour trouver ce qui nous motive et inspire au fond de nous est parsemé d’embuches. Il faut trouver en soi-même la solution de ses propres problèmes, afin que ces derniers ne se transforment en problématiques. Surtout si on part du postulat que nous avons la responsabilité directe ou indirecte de ce qui nous arrive.

En fait, c’est surtout la manière dont nous percevons ce qui se passe dans notre vie, et celle d’aborder la situation qui importe. Afin, in fine de pouvoir transformer les choses.

Pour certaines personnes le rêve d’une vie meilleure est un leitmotiv. Pour d’autres, une forme de renoncement a déjà eu lieu. Dans ce dernier cas, cela a pris forme à petit feu, dans la tête puis dans le cœur, en faisant baisser cette flamme intérieure qui nous anime. Ces dernières personnes semblent souffrir d’une illusion perdue, de perte de sens. Le découragement apparait. Lequel entraine un décalage entre nos aspirations et la mise en action nécessaire pour arriver à atteindre ce qui nous convient, nos objectifs.

La société dans laquelle nous vivons nous « challenge », nous met au défi presque quotidiennement. Les réseaux sociaux, la réussite apparente des autres, la vie rêvée qui ne se produit pas ou uniquement dans les songes. Le sentiment légitime ou illégitime de ne pas être à la hauteur, de ne pas être « assez ». Ce côté perfectionniste qui nous oblige à toujours « faire plus ». Donner plus de matières, d’informations, de temps pour transmettre un travail des plus qualitatifs. A l’inverse, ce côté « j’m’en foutiste » qui donne l’illusion aux autres que rien n’a d’importance. Que tout glisse sur nous. Comme l’eau qui coule et continue sa trajectoire, n’en déplaise aux blocs de béton et autres obstacles naturels. Quand en fait c’est tout l’inverse qui se produit, nous sommes comme rongés de l’intérieur. Ce faux semblant à un coût. Entre les deux, notre cœur balance car on oscille entre le sentiment du trop et du pas assez. En conséquence, à force de vouloir faire plus, en faire trop, on ne fait pas bien, même mal, et ainsi il peut arriver que l’on perde pied.

Le monde d’aujourd’hui nous oblige constamment à se définir et mieux se connaitre. Certains dogmes prennent vie dans l’inconscient collectif. Comme celui de ne pas avoir pas besoin de changer le système car ce dernier convient au plus grand nombre et que c’est donc à chacun de « s’adapter » à cet environnement décidé et intangible. Gare aux personnes qui voudraient en construire un autre.

L’actualité récente du match de football entre Liverpool et le Real Madrid et les incidents qui ont eu lieu au Stade de France nous rappellent le sentiment d’injustice qui peut être vécu dans certaines situations. Comment accepter que des personnes, pourtant munis de billets pour entrer dans les lieux, et venues en famille (souvent de loin), se retrouvent traités de la sorte. Pour rappel, on a assisté à : Des guichets qui se bloquent (et sont incapables de reconnaitre les vrais des faux billets pour laisser sur le carreau des personnes ayant pourtant payé leur place) ; des gaz lacrymogènes lancés au milieu de la foule (sans tenir compte des personnes asthmatiques) ; Des taxis peu scrupuleux qui demandent des sommes astronomiques (pour éloigner des personnes – femmes et enfants compris – apeurées du danger du lieu) ; Un nombre incalculable de personnes qui se sont fait vider les poches (littéralement dépouiller) par des bandes organisées devant les yeux de représentants de force de l’ordre qui sont pourtant là pour le faire respecter, etc. Tout est relatif répondront certains car effectivement la guerre en Ukraine fait rage (comme dans pleins d’autres endroit dans le monde). La famine est endémique dans beaucoup de pays. Bons nombres d’enfants meurent au quotidien. Et d’autres subissent, comme des adultes, des formes de violences inacceptables. Etc.

Le sentiment d’injustice de vivre une situation qui nous échappe peut-être tellement fort qu’il peut entrainer un effet dévastateur de repli sur soi. Particulièrement pour des personnes catégorisées « d’hypersensibles ». A tel point que l’on a souvent tendance à s’isoler, se mettre de côté et garder au fond de nous ce lot de colère ou de frustration qui viennent d’une inéquation entre la réalité que nous imaginons et celle que nous expérimentons.

En définitive, malgré les circonstances extérieures, les soubresauts, et la nécessité de se confronter au monde, la foi est tout autant un état d’esprit qu’une nécessité de vouloir changer les choses, pour soi et donc indirectement pour les autres (notre entourage ou notre communauté).

« Avoir la foi », c’est tout simplement croire en soi. Être animé d’un désir ardent de réaliser un projet ou de mener à bien une mission. Cela en toutes circonstances, en dépit du qu’en-dira-t-on, des encouragements comme des moqueries des uns et des autres.

Edinson, aura expérimenté plus de 10 000 tentatives avant d’arriver à créer une ampoule incandescente digne de ce nom. Car il était persuadé au fond de lui qu’il allait réussir.

« Avoir la foi » est souvent traduit de l’anglais « Keep the faith », ce qui signifie « Garder la foi ».

« Garder la foi », cela peut être – malgré le constat partagé du monde dans lequel nous vivons qui peut apparaitre parfois injuste – de « faire sa part », comme disait Pierre Rabhi (qui avait créé l’association Colibi). Faire ce qui nous semble bon pour nous, et par extension pour les autres. En effet, il avait identifié que de tout mouvement individuel, peut naitre un élan collectif.

Pour conclure, si le mot « foi » est souvent assimilé à un mot religieux, il n’est finalement que la traduction d’une volonté individuelle de transformer ce qui nous fait vibrer afin d’impacter positivement le monde extérieur.

Et vous, quel est ce projet qui vous anime et vous fait vibrer ? Avez-vous suffisamment foi en vous-même pour mener à bien ce projet ?

Ayez foi en vous et vos capacités car il ne tient qu’à vous de changer ce qui à votre niveau peut l’être.

Un bon cheminement…

Mickaël Garin.

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