Ralentir

Voilà de longs mois que mon corps – autant que mon cœur – me demandait de ralentir. En faire moins, pour tout simplement être mieux et en conséquence en faire plus (à moyen et long terme ; Par exemple pour obtenir davantage de résultats). Choisir son ou ses combat(s), adopter la juste attitude, relever la tête à chaque nouveau défi. À tout moment, et heureusement, on peut choisir de faire autrement, différemment, dans ce cheminement de renouvellement perpétuel.

Habituellement, quelle est cette folie douce qui nous pousse sans cesse à vouloir aller plus vite, courir de partout, rester « busy » ? La peur du vide ? Il est vrai que la nature en a horreur.

La peur du manque ? On peut relier ce dernier à un sentiment d’insécurité exacerbé que l’on a besoin de combler, par la multiplication de nécessités à acheter, de denrées à accumuler ou par le simple fait de gagner toujours plus d’argent.

On constate actuellement que le coût de la vie se renchérit compte tenu des effets de l’inflation. Cela angoisse certains, et en conséquence cela résonne pour ces mêmes personnes comme la nécessité d’en faire légitimement plus. Pour d’autres, depuis par exemple l’émergence du premier confinement, une certaine prise de conscience a eu lieu. On assiste ainsi progressivement à une remise en question de notre mode de vie, ou plus généralement de la manière de vivre dont nous choisissions de vivre dans les pays occidentaux. Dans un film tourné dans un petit village des monts du lyonnais, un ancien qui était le protagoniste de l’évènement, en parlant de la manière dont vivaient les gens auparavant, eu cette phrase qui résonne en moi : « Avant, la vie avait un sens ».

Cet aïeul avait la sagesse d’une vie de labeur bien remplie. Toutefois, il ne s’agit pas de penser bien évidemment que la vie d’avant était mieux ou plus exaltante que celle d’aujourd’hui. Seulement de s’interroger où nous conduit – par exemple – la frénésie notamment citadine du rythme « métro – boulot – dodo ».

Si votre emploi du temps ressemble plus au fait de résoudre les urgences des autres alors peut-être est-il temps de se poser cinq minutes, finir le cycle en cours (car certaines urgences le sont-elles réellement ?) et se donner une date de fin pour changer cela. Dans un monde numérisé où les entrées d’informations sont constantes, il peut être utile de s’accorder des temps choisis pour consulter ses mails ou même répondre au téléphone. Car encore une fois, à force de vouloir rester connecté, on peut facilement perdre la notion du temps et passer une partie de ses journées à réaliser des tâches à faible valeur ajoutée.

Au niveau personnel, à force de courir dans tous les sens, on oublie parfois jusqu’à l’essentiel: Vivre.

Accessoirement donc, prendre le temps de profiter de chaque moment du mieux possible tout en étant conscient de ce que nous sommes en train de réaliser permet déjà de se réapproprier le pouvoir du moment présent, de l’instant.

Lorsque je cheminais sur les routes de Compostelle il y a quelques années, un australien m’avait fait part d’une de ses phrases fétiches « Slow down to go further ». Que l’on peut traduire par « Ralentir pour aller plus loin ». J’ai beau chercher, je pense que l’expression française qui se rapproche le plus de cette idée est bien celle-là : « Qui veut aller loin ménage sa monture ».

Si chaque langue a ses particularités, il n’en reste pas moins que l’écoute de soi est universelle.

Prendre soin de sa santé, de son alimentation, de la qualité de son sommeil n’est pas un luxe mais bien un prérequis si on veut aller loin, vivre longtemps, et dans les meilleures conditions que nous offre notre code génétique. Certaines décisions radicales sont nécessaires : Arrêtez de fumer, de boire (en semaine pour commencer), de s’énerver à chaque turpitude de la vie. L’important étant de baisser cette dose « d’excitants » pour justement commencer à faire baisser ces moments de tensions ou de stress et renouer – ou plutôt se réapproprier – son rythme naturel.

Les obstacles, comme les défis qui se présentent sur notre chemin, font partie de la vie. La manière dont nous réagissons à ces évènements partie intégrante de notre responsabilité. Vous êtes de ceux qui pour un rien ont tendance à « monter dans les tours » ; prévenez votre entourage en amont car ce côté « sanguin » peut faire des dégâts. A l’inverse, vous gardez tout en vous et à la moindre demande personnelle ou professionnelle vous dites « oui » car pour vous il est difficile de dire « non ». Il faudra pourtant apprendre à le faire si vous ne souhaitez pas laisser les autres décider pour vous, et vous laisser vous imposer un rythme (désorganisé) qui n’est pas le vôtre.

Ralentir, permet lorsque l’on se trouve au volant par exemple, de mieux apprécier la route. De (se) sécuriser davantage. Ralentir, lorsque l’on parle d’effectuer un long trajet (notamment sur l’autoroute), peut être synonyme de prendre le temps de faire une ou plusieurs pauses. Recharger ses batteries en quelque sorte. Ce temps « off » est nécessaire. Il permet en effet de s’offrir un temps de déconnexion utile à notre cerveau pour évacuer une certaine fatigue mentale.

Au passage, les autres conducteurs apprécieront.

Le respect du code de la route, et la prudence en toutes circonstances est une métaphore magnifique pour cet article qui n’a d’autre intention que celle de faire l’apologie de la nécessité de ralentir le rythme dans nos vies, à tous niveaux, y compris donc dans notre manière de conduire.

Car dans l’hypothèse osée que nous arrivions aujourd’hui à un stade de l’évolution où tout deviendrait marchand, y compris donc le prix de nos organes, amusons nous (façon de parler) avec quelques exemples, à méditer.

Combien vaut votre bras droit ? Votre jambe gauche ?  Votre capacité à voir ? Parler, courir, sauter ? Accepteriez-vous un chèque d’un million d’euros si on vous privait de la capacité d’entendre ? De voir ? De sourire même ? Encore une fois, si nous sommes dans un monde où tout à un prix alors allons jusqu’au bout de l’exercice et décidons de mettre un prix à notre bien être…

Car oui notre capital santé est notre bien le plus précieux. Alors prenons-en soin. Levons le pied, au sens propre et figuré, pendant qu’il est encore temps.

Pour en revenir à vous, en paraphrasant cet ainé qui disait « qu’avant la vie avait un sens », quel est le sens de votre vie aujourd’hui ? Dans quel domaine souhaitez-vous ralentir pour justement mieux profiter (ou vous consacrer davantage) à une activité qui « fait sens » pour vous ?

Se poser la question est déjà tenter d’y répondre.

Un bon cheminement…

Mickaël Garin.

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