Romain The Great

Il y a des journées que l´on souhaiterait commencer d´une autre façon. Des jours où l´on souhaiterait revenir en arrière, ne serait-ce que l´espace de 24 heures, pour avoir le temps de reprendre le fil d´une histoire, d´une rencontre avec une personne et/ou tout simplement lui dire au revoir, convenablement. Romain, je t´avais perdu de vue il y a bien longtemps. Nous nous sommes connus lors du dernier cycle de l´école maternelle, puis de nouveau le temps du collège. Nous partagions les vestiaires de la même équipe de foot et quelques fois même avions la chance d´évoluer ensemble. Tu étais gentil Romain, délicat et plutôt rigolo. Tu me faisait rire et je t´aimais bien. En fait, tout le monde t´aimait bien. A contre-courant de la plupart d´entre nous, tu avais choisi de supporter l´équipe de l´A.J. Auxerre. On te chambrait avec ça, et d´un regard espiègle autant que d´un sourire amusé, tu nous répondais. Je me rappelle d´une fois où ta grand-mère était intervenue pour « enguirlander » l´entraineur de foot de l´époque qui ne te faisait pas assez jouer. Elle avait raison la mamie de rappeler que si il fallait être bon pour jouer, alors comment ceux qui jouaient moins que les autres pouvaient-ils s´améliorer et ainsi devenir meilleur ? Ta Grand-Mère, que tu aimais tant, venait de pointer du doigt un paradoxe qui n´existe pas seulement dans le monde du sport d´ailleurs mais intervient trop souvent dans le monde de l´entreprise. Autrement dit, comment prétendre à capitaliser de l´expérience pour un jeune, si les recruteurs sont réticents à embaucher cette même personne sous prétexte qu´elle n´a pas assez d´expérience ?

Pour en revenir à toi, Romain, ce rappel de bon sens de ta mamie avait fonctionné. Ce jour là l´entraineur te fit rentrer presque illico presto, et tu en profitas pour effectuer une brillante prestation footballistique. Je m´en rappelle comme si c´était hier, c´était à l´occasion d´un tournoi dans les Alpes, à Rumilly. Nous avions ramené des casseroles en guise de victoire à nos mamans, car le sponsor local était bien une entreprise du cru.

Avec toi Romain, chaque moment comptait. Le temps de se croiser dans les couloirs, tu étais le genre de personne à qui on aimait serrer la main. Ce geste était souvent accompagné d´une blague ou deux, le temps donc d´un bref échange. Puis, petit à petit, avec un changement de cadre me concernant, nous nous sommes éloignés. Presque naturellement si l´on peut dire. D´autant que notre amitié datait d´une époque où les téléphones portables n´existaient pas, ni même internet et encore moins les réseaux sociaux. J´avais eu de tes nouvelles indirectement, par l´intermédiaire de mamans d´anciens copains. Je sais que tu avais souffert Romain, de la perte d´êtres chères et également dans ta chair, car tu étais sorti des sentiers battus. Je ne t´ai pas connu en cette période, je me rappelle simplement de toi, le temps de l´enfance et ce qui va de pair, de l´innocence. Certes on peut toujours prétendre que cela est loin, qu´il s´agit du passé et qu´il ne sert à rien de ressasser tout cela. Comme tout un chacun on a des tâches à accomplir, on se doit d´aller de l´avant, avancer, et tout simplement continuer à travailler. Mais en ce jour particulier, j´ai bien du mal à me concentrer. Je revois en boucle ton sourire Romain et les souvenirs me remontent à la surface. Alors plutôt que de continuer tête baissée, j´ai préféré me poser et vous raconter un petit bout de chemin, de cet ancien copain, dénommé Romain.

Romain, petit par la taille et grand par sa candeur d´âme, était une belle personne. Son départ au travers de ce témoignage peut peut-être rappeler, que nous aussi, avons l´occasion d´honorer une personne de notre entourage. Le meilleur moment pour prendre le temps de reconnecter avec une personne ou un être qui nous est cher est peut-être maintenant, dès ce soir, dès même la fin de cette lecture. A cet instant précis à qui pensez-vous ? Cette personne est-elle encore en vie ? Si oui et bien faites-le. Prenez votre téléphone, composez et appelez. Pas demain ou ce week-end mais dès ce soir. Même cinq minutes, entendez sa voix et dites-lui combien cette personne compte pour vous.

Les choses les plus importantes sont peut-être celles qui n´attendent pas. Romain, si j´avais su, alors je serais sans doute revenu vers toi. La vie est ainsi faite, on se rencontre, on se lie d´amitié, on s´apprécie et sans savoir pourquoi on s´éloigne. Et puis, à l´image de ce matin, on reçoit un coup de téléphone pour nous apprendre que tu es parti, de l´autre côté. C´est le genre de nouvelles qui nous ramène immédiatement à la brièveté de la vie. Annonce indésirable, insoutenable, on pense profondément en celui ou celle que cette même vie a choisi d´emporter. Je pense intensément en toi, en ce jour et en ta famille pour t´accompagner au mieux. Dans le cas présent, c´est malheureusement lié à un fait d´actualité, car c´est bien ce satané virus qui continue de circuler. Prendre soin de soi tout en pensant aux autres n´a jamais fait autant écho que depuis que notre destin commun semble être lié.

Pour rendre hommage à Romain et célébrez le fait d´être en vie, n´oubliez pas votre coup de fil à un proche…

Par ces lignes, je garde en moi ce bout de chemin emprunté, avec toi Romain, ces souvenirs légers que nous avons partagés. Romain tu es parti et avec toi une partie de mon envie de rire ces prochains jours. Déjà cependant ton sourire immortel illumine et réchauffe néanmoins mon cœur. A bientôt l´ami. Prends soin de toi, où que tu sois…

Un bon cheminement,

ton copain d´antan.

Mich.

4 réflexions au sujet de « Romain The Great »

  1. Micka mon ami je ne prends le temps de lire ce très joli texte que maintenant. cela prouve plusieurs choses si tqbt est au elles restaient encore à prouver : tu es un ami et un être extraordinaire Je suis sûr que ton écriture en apaisera beaucoup. Je te souhaite beaucoup de courage ainsi qu aux proches de Romain, que je ne connaissais pas qui a la lumiere de ton texte, j’aurais aimé connaître.

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