“Faire avec, même sans » pourrait être le phrasé de cette prise de conscience du jour. Car il y a des périodes dans la vie, où sans raison particulière, vous avez une pointe de nostalgie. Vous vous réveillez le matin, la boule au ventre, sans entrain particulier. Et ce malgré la belle journée qui s´annonce. Le souvenir d´une époque de votre vie remonte à la surface, des mémoires d´enfance ou de jeunesse ou plus récents. D´un temps partagé avec des personnes qui vous ont été chers et que vous avez « perdu » ; Que la vie vous a « ôté », injustement, irrationnellement. Quel autre choix que celui de « faire avec ». Celui de continuer notre route, regarder devant, pour avancer et pouvoir, le cas échéant, cicatriser, se reconstruire en chemin.
La perte de ma grand-mère à l´âge de cinq ans fut vécu comme un véritable traumatisme. Le décès de mon grand-père à l´âge de seize ans marqua un autre tournant de ma vie. Un guide s´était éteint. Une secousse qui mit à mal également l´équilibre, au sens large, de la cellule familiale. Composée in extenso de mes oncles et tantes, cousins et cousines. La tribu avait en un instant, d´une tension extrême, éclatée avant de rester par la suite en partie morcelée. Même si depuis le temps a fait son œuvre et que beaucoup d´entre nous se sont heureusement retrouvés.
Chaque individu, chaque être a besoin d´une famille. Se sentir membre à part entière d´une communauté aimante. Il fut un temps, pas si éloigné que cela, pour les bienfaits de la Science et donc ce qui revient au même de l´humanité, on décida de placer dans deux pièces séparées, deux nourrissons. L´un et l´autre bénéficiait du même traitement au niveau de la satisfaction des besoins primaires. Une personne extérieure avait pour seule mission de les changer et les nourrir. Cependant, à la différence de l´autre bébé, l´un d´eux avait droit à une présence humaine rassurante, affectueuse, tournée vers lui qui se matérialisait dans les faits par le fait de pouvoir lui parler au bébé, le prendre dans ses bras, lui faire des câlins… Autrement dit, lui apporter un amour démonstratif et inconditionnel. L´autre(s) hélas – et le « s » s´explique par le fait que pour corroborer les conclusions scientifiques il fallait plus d´un bébé sacrifié – n´avait même jamais eu la possibilité d´entendre le moindre son humain autour de lui. Privé de tout contact, inutile de préciser que pour ce dernier, comme pour les autres traités de la sorte, quelques semaines ils moururent ou se laissèrent mourir. Pauvres nourrissons, à ce stade de la vie où notre survie dépend principalement des autres, il est difficile on en convient dans ce cas précis « sans » connaitre l´amour de prétendre pouvoir « faire avec ».
Cela étant, à part ce genre d´exemple extrêmes (nourrissons, personnes âgés dépendantes, handicap lourds…), ne devons-nous pas la plupart du temps « faire avec, même sans » ?
En fait, sans le savoir, sans le vouloir, le « faire avec, même sans » est presque un principe de vie.
Quelques illustrations : Vous êtes à la recherche d´un emploi. Ne devez-vous pas faire « avec » cette situation du moment même « sans » à ce jour avoir encore reçu de signes forts de la part de recruteur ou d´entreprises auxquels vous avez postulés ? Quelle autre alternative de toute façon pour trouver chaussure à son pied que celle d´y croire et de rester « focus » sur votre but ?
Etudiants, vous êtes actuellement « sans » stage, lequel est pourtant obligatoire afin de valider votre année. Ne devez-vous pas « faire avec » et vous concentrer sur la part qui vous revient. Continuer de postuler, solliciter, appeler, écrire jusqu´à ce qu´une entreprise vous ouvre ces portes ?
« Entrepreneurs », « profession libérales », et autres professionnels indépendants même « sans » suffisamment de clients, ne devez-vous pas « faire avec » et continuer d´améliorer qualitativement votre offre de produits ou services et améliorer votre communication en ce sens ?
Célibataire, a la recherche de la « perle rare », même « sans » partenaires de vie actuellement, ne devez-vous pas « faire avec » en continuant de croire dans une prochaine rencontre, et continuer à prendre soin de vous, vous faire « beaux », agréable et joyeux afin d´attirer à vous l´âme sœur ? Ou à l´inverse, est-il préférable, plus « confortable » de renoncer et se refermer sur soi ?
En couple certes, néanmoins en pleine réflexion sur votre avenir à deux, ne devez-vous pas même « sans » garanties particulières « faire avec » ce que l´autre ressent, et déjà le laisser librement s´exprimer à vous ? Pour ensemble décider d´avancer respectivement sur le même chemin ou arriver à la conclusion qu´il est nécessaire d´en emprunter un autre ?
Récemment séparé(e) ou divorcé(e), que cette décision soit subie ou choisie, ne devez-vous pas « faire avec » et « sans » vraiment vous retourner, regarder devant ? Re-commencer et ainsi re-construire ?
Addict à la consommation d´alcool ou de tabac, néanmoins décidé(e) à ôter de votre vie ce type de tentations, ne devez-vous pas « faire avec, même sans » et trouver un ou plusieurs leviers de substitution ? Exemple, le sport pour compenser ce besoin de remplir vos poumons d´une substance nouvelle (dans ce cas un surplus d´oxygène). Les boissons « saveurs » que vous pouvez préparez à souhait avec un extracteur de jus plutôt que le même goût répété de votre boisson alcoolisée favorite (Nota : Cette remarque ne concerne bien évidement pas le vin).
En dépit de la situation sanitaire du moment, et si plutôt que de vous concentrer sur les choses qui vous manquent, les « sans », vous décidiez de regarder « avec » vos collègues, clients, fournisseurs, famille ou amis ce qui pourrait mettre un peu de gaieté dans votre journée ?
Certes il n´est pas aisé dans un état de stress avancé, lequel conduit à une forme de repli sur soi de « faire avec », néanmoins « sans » cela vers quoi se dirige t´on ?
« Sans » exagérer, et pour vous donner un peu de baume au cœur des raisons de « faire avec » rappelez-vous que vos enfants, vos amis, vos proches, vos familles, vos collègues, votre boss, vos clients, vos fournisseurs, votre communauté, en définitive votre entourage compte sur vous, et à fortiori a besoin de vous…
Alors, pour toutes ces personnes et pour vous-même, dans l´espoir de jours meilleurs à venir, n´avez-vous pas envie composer avec ces jours « sans » en continuant d´avancer et ainsi « faire avec » ?
Un bon cheminement…
Mickaël Garin.