Déménagement

Combien de fois dans votre vie avez-vous déménagé ? Combien de fois allez-vous encore – plutôt à nouveau, car il n’a pas d’un jugement de valeur – déménager ?

Il peut être difficile de répondre spontanément à ces questions pour certains, tandis que pour d’autres la réponse parait plus évidente.

Finalement un déménagement d’un lieu correspond tout autant à un emménagement dans un autre espace. Déménager est souvent synonyme de laisser quelque chose derrière soi, une partie d’une vie que l’on ne verra plus. On laisse des objets, des repères, un environnement, des voisins ; Un entourage ou souvent un amour perdu, déchu. On se sépare de l’être cher, donc on se quitte, on met fin à cette relation qui est devenue moins fluide avec le temps.

Notre premier temps fort pour ceux qui l’ont vécu est lorsque l’on doit déménager pendant l’enfance. Suivre un parent qui aura été muté pour le cas d’un ami dont le père décida de retourner aux sources, en se rapprochant de la famille. De la même manière, privilégier le fait de vivre chez l’un des deux parents avant que le temps de la garde alternée ne permette de trouver un équilibre plus conforme aux aspirations des temps modernes. Changer d’école pour un enfant est toujours un déchirement, du moins le temps que les premières récréations ne permettent de se faire de nouveaux amis.

Dans mon cas personnel, je n’avais jamais fait l’effort de compter jusqu’à présent le nombre de fois où j’avais changé de lieux de vie au cours de mon existence. Avant de le faire, et pour faire le lien avec précédemment, je me rappelle cependant encore aujourd’hui, près de trente-six ans plus tard, de mon premier jour dans ma nouvelle école primaire. Je rentrais en CE1, nous étions en 1988.

J’étais totalement perdu au milieu de ce groupe d’individus que je ne connaissais pas. J’étais « le nouveau », celui dont on n’osait pas trop s’approcher. Timide et réservé, je restais dans mon coin. Je ne savais pas trop comment faire pour jouer avec les autres qui manifestement pour certains ne souhaitaient pas de ma présence. Les coups de pieds pleuvaient au milieu d’un petit groupe de 5-6 personnes. J’arrivais à en éviter quelques-uns et compris rapidement qu’il fallait me défendre. Comme je pouvais, je réagissais physiquement du mieux possible. Les adultes devaient discuter entre eux ou regarder ailleurs, mais clairement ce premier changement dans cette nouvelle école à la suite de ce déménagement était loin de démarrer sans accros. Un croche-pied où je me retenais in extremis grâce aux mains rapidement sortis de ma poche fut le « wake up call ». Nous allions rentrer en classe et le fameux « never again », traduit en français par « plus jamais ça » s’imprégna en moi.

J’étais bien décidé à en découdre dès la prochaine récréation. La mémoire sélective fit son rôle car je ne me rappelle plus dans les détails de ce qui s’était réellement passé. Une chose est sûre, ce n’est qu’après cet épisode que je pouvais commencer à me sentir bien dans ce nouvel environnement. La relation s’était transformée et en passant par le jeu tout était rentré dans l’ordre.

Si ce témoignage permet déjà de faire prendre conscience à certains parents de la nécessité de prendre en compte l’effort que cette nouvelle acclimatation demande aux enfants, à leurs enfants, alors tant mieux.

Un déménagement pour un adulte est également source de stress. D’ailleurs si on en croit les études psychologiques, après la perte d’un être cher et celle d’un travail, il constitue bien souvent le trio des facteurs générant le plus de facteurs émotionnels chez l’être humain.

Quand on y pense cela semble assez normal finalement car dans notre monde moderne, un déménagement est souvent lié à une situation de rupture. Ou alors à un changement qui se prépare. Cela crée nécessairement de l’incertitude, de l’anxiété, de l’angoisse ou d’autres émotions moins fortes mais tout autant « castratrice » si on peut utiliser ce terme.

En réalité, un déménagement est synonyme d’emménagement autre part. Ailleurs donc, dans un nouveau cadre, avec de nouvelles personnes où on peut naturellement renouveler son énergie. Ce nouveau lieu est l’occasion de tout remettre à plat. De regarder devant. De souffler, de se dire qu’on à pas fait tout ça pour rien. Un emménagement permet de ranger ses affaires. En amont bien entendu d’avoir fais le tri. D’avoir sélectionner ce qui est réellement à conserver de ce qui ne l’ait pas, plus. La préparation à réussir son emménagement est capital.

Préparer au mieux son futur déménagement est un temps précieux qui permettra d’être le plus efficace possible le jour J. Le jour où vous louez une camionnette ou empruntez une voiture pour faire votre adieu à cet ancien endroit, pour accueillir avec une certaine fraicheur ce nouvel espace.

En général, vous rentrez dans un lieu vide qu’il faudra combler de votre présence. Difficile de savoir où mettre certains objets, tableau ou souvenir qui semble appartenir à une autre époque. On apporte dans un nouveau lieu certaines images ou souvenirs d’un passé que l’on souhaite oublier, ou au contraire compartimenter.

Dans mon cas personnel, je n’avais jamais fait l’effort de compter jusqu’à présent.

C’est d’ailleurs l’exercice que je propose à tout un chacun au moment de lire ces lignes.

Se remémorer d’abord, puis faire l’inventaire des différents lieux que vous avez investi de votre personne temporairement, ou plus longuement. De l’époque de votre enfance où vous subissiez ce genre de décisions, à votre arrivée donc à l’âge adulte où c’est plus vous qui impulsiez ces changements. Du temps où vous étiez étudiant, de l’époque où vous avez été hébergé à titre gratuit dans votre entourage pour faire votre apprentissage ou de vos premières colocs. Vos séjours à l’étranger, etc.

Faisons simple et notez sur une feuille le mot clef qui vous vient en premier pour chaque lieu.

Je me lance : « Le Bessy, St Laurent, Liergues, Limas, Centre 2000, Place de l’Eglise, La Guillermière, Barcelone, Montgat, Mermoz, Edimburgh, Bergen, Nantes, Shanghai, Lyon 5, Vanves, Madrid, Rue Solférino Lille, Lille Sud, Lomme, Vieux Lille, St Symph, Liverpool, Sants, Floresta, Meys.

Wahoo cela fait 26 lieux en 43 ans ! Je n’avais jamais réalisé à quel point j’avais effectivement bougé. Il ne s’agit pas évident d’un concours mais simplement d’une prise de conscience qui permet de se rendre compte qu’à chaque fois qu’un déménagement a eu lieu me concernant, cela a été pour du « mieux ». Je ne parle pas en tant que confort matériel bien sur mais en tant qu’évolution personnelle.

Et vous, quels sont les endroits où vous avez vécu ? Pourriez vous prendre 10 mn de votre temps pour en effectuer la liste et ainsi vous remémorer ce parcours de vie ? Et si cela vous chante, marquer à côté de chaque lieu une ou plusieurs belles rencontres effectuées (…)

Un très bon cheminement,

Mickaël Garin

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