Le feu sacré

Il existe des moments dans notre vie, où réellement sans savoir pourquoi, nous sommes habités d´un feu intérieur. Des instants rares, privilégiés, où vous sentez que des choses fortes sont en train d´arriver, de se mettre en place autour de vous. Des émotions intenses qui parcourent votre corps, des frissons qui vous traversent, vous prennent jusque dans les tripes. Une énergie puissante vous accompagne, tout semble vous réussir, vous avez la baraka. C´est l´équivalent, en voiture, de prendre tous les feux verts à chaque intersection. C´est le genre de journées où tout prend forme, se déroule, comme ce que vous auriez pu imaginer de mieux.

Le feu sacré peut être assimilé à un sentiment, autant qu´à une vue de l´esprit pour les plus sceptiques. Néanmoins, le feu sacré, peut être naturellement traduit comme le prolongement de notre petite flamme intérieure. Laquelle, malgré le vent, les tempêtes de l´existence, à l´image d´une bougie qui serait restée allumée toute la nuit, continue de briller.

Le feu sacré, pour les plus spirituels, peut être proche de la définition même « d´avoir la foi ». Autrement dit, cette capacité non pas de « voir pour croire », mais plutôt celle de « croire pour voir ». Les adeptes de St Thomas continueront de vivre avec la conviction qu´ils ont raison. Certains d´entre nous, qui auront pu visiter le Futuroscope de Poitiers par exemple, auront peut-être compris qu´il existe un monde infiniment plus petit, par définition qui nous est invisible à l´œil nu. Ce dernier univers existe néanmoins tout autant.

Au moment où j´écris ces lignes, un très proche ami est au chevet de son épouse, pour accompagner la naissance de leur bébé. Quel beau moment que de celui d´assister à la naissance d´un nouvel être. Au fond, quel autre acte plus important sur cette terre que celui de donner vie ? Et de fait, pour ses parents, la sensation légitime d´avoir un devoir plus grand, celui de respecter et accompagner cette nouvelle vie.

Si la conquête des territoires et l´extermination de certaines populations a été une constante dans l´histoire de la civilisation humaine, vous remarquerez que c´était très souvent des hommes qui tenaient à bout de bras des épées et autres accessoires belliqueux plutôt que des femmes. Petit aparté : Dans une société, où le fait de parler de la particularité d´un genre plutôt qu´un autre (respectivement masculin versus féminin) peut être mal interprété, il y a des sujets comme celui là qui ne donnent pas lieu au débat. En effet, c´est bien aux femmes que la nature a réservé la possibilité unique d´enfanter, et il est aisé de constater que ces dernières sont beaucoup moins impliquées dans des situations à se retrouver à ôter la vie d´autrui. Au fil de l´histoire de l´humanité donc, ou dans notre époque contemporaine. Si plusieurs thèses et explications peuvent être avancées pour expliquer cela d´un point de vue sociologique, psychologique, etc. Il n´en reste pas moins évident que la capacité naturelle à donner la vie, mettre au monde un enfant, peut être une des clés de ce respect plus grand pour la vie humaine. Pour fermer la parenthèse, constatons simplement une forme de corrélation entre le fait pour les femmes de donner la vie et que ces dernières soient plus naturellement concernées à la protéger (protection sous toutes ses formes d´ailleurs y compris dans le cadre légal qui régit notre vie en société).

Pour en revenir au feu sacré, il est étroitement lié à ce que l´on a pour coutume d´appeler notre « âme ». Cette énergie vitale qui permet à la fois de donner la vie, et de nous tenir en vie. Car, c´est bien souvent lorsque cette énergie s´affaiblit, avant de se détacher complètement de notre corps, que l´on se meurt.

Ressentir le feu sacré, c´est comme si nous venions de ressentir que nous étions enfin en résonnance avec ce petit guide intérieur. Par exemple, cette boussole interne, qui fait que l´on se sente bien en compagnie de telle personne, plutôt que telle autre (sans trop que l´on sache d´ailleurs pourquoi). Qu´à l´inverse, nous n´ayons pas envie de rester davantage dans un environnement personnel ou professionnel qui ne nous convient pas.

Lorsque la confiance est par exemple rompue avec une personne ou une organisation, alors ce feu sacré disparait presqu´instantanément. En général on continue son chemin, sans se retourner. En prenant soin au prélable de régler sereinement ses différends pour pouvoir avancer.

Combien de fois, lorsque nous faisons « fausse » route, que l´on choisit mal son travail ou son partenaire de vie, avons-nous cette fameuse boule au ventre ? Je ne parle pas du trac de l´artiste qu´elle ou il ressent avant son entrée sur scène (car il s´agit d´une forme de stress que l´on éprouve dès lors que l´on se retrouve dans une situation inconfortable) mais plutôt du sentiment profond, d´un mal-être persistant, lorsque justement ce feu sacré diminue.

A l´inverse, je parle bien de cette excitation que chacun ressent lorsqu´il doit accomplir une tâche ou une forme de réalisation qui fait sens. Quelques exemples : Rénover sa maison ; Changer de lieu de travail, région ou pays ; Décider de créer son activité ; Se former à l´exercice d´un nouveau métier ; Apprendre, avec entrain une nouvelle langue ; De devenir papa ou maman, etc. Ce feu intérieur augmente considérablement, et déculpe de fait notre énergie. Car on sait que ce « challenge » fait partie intégrante de notre destinée et que nous sommes pleinement dans la réalisation de notre mission de vie.

Vous savez au fond, tout ce qui fait briller vos yeux lorsque vous vous regardez dans le miroir, tout ce qui vous rend joyeux. Cette idée, issue du génie que vous êtes, qui vous fait vibrer. Celle qui vous fait réveiller tôt le matin, coucher tard le soir, qui anime vos nuits, comme rythme vos journées, vos envies. Le métier vocationnel, votre activité de cœur, ce loisir favori qui donne du sens à votre vie, et qui rejaillit tel un soleil, qui brille sur les personnes qui vous entourent. Car oui ce feu sacré existe, il est même présent assez naturellement chez les enfants qui s´extasient de tout, sur tout, ou presque. Le passage à l´adolescence puis face au poids des responsabilités que l´on peut sentir à l´âge adulte peut à priori atténuer ce feu sacré. Ou, à l´inverse, le renforcer, le faire jaillir. Nous devons valoriser encore davantage cette chance qui nous ait donné de vivre, et sans que cela soit une obsession, simplement apprendre à reconnaitre lorsque pour une raison ou pour une autre, une décision ou une réalisation d´action, nous ressentons ce fameux « feu sacré ».

Pour conclure, j´en appelle à vos souvenir de flamme intérieure…

En effet, au moment où vous lisez ces lignes qu´elle est la dernière où vous vous êtes dit : « Eurêka ! » Autrement traduit par « J´ai trouvé ! ». Cette sérénité absolue, cette foi inébranlable que c´était « ça » que « ça allait le faire ».

Rapellez-vous, c´était à quelle occasion ? Qu´avez-vous ressenti ? Qu´avez-vous décidé ? Avec le recul, quel impact cela a-t-il eu dans le déroulement de votre vie ?

Un bon cheminement…

Mickaël Garin.

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