Presque rien

Ce « presque rien » qui lorsque vous le faites change « presque tout ».

Ce « presque rien » qui en lisant un livre – « dans les yeux de Mona » de Thomas Schlesser – offert cet hiver par ma belle sœur et mon beau-frère, m’est apparu comme une évidence ce matin au lever du jour. Dans la peinture codifiée 25 du même ouvrage « L’asperge » d’Edouard Manet, on peut observer un légume légèrement dépéri laissé au coin d’une table. Pour celui qui mange à sa faim, cette asperge n’est « presque rien » ; un légumineux parmi tant d’autres dans une botte. Pour celui qui a du mal à s’alimenter, ingurgiter cet aliment change « presque tout ».

Souhaiter un anniversaire à un proche, n’est « presque rien ». Néanmoins pour celui qui reçoit le message, personnalisé dans la mesure du possible, le jour J, nul doute que cela lui fait chaud au cœur. De fait, cela change « presque tout ». La personne se sent appréciée, considérée, aimée.

Lorsqu’on y réfléchit, les actions ou les intentions les plus importantes ne seraient-elles pas celles qui à priori semblent insignifiantes ?

Une fois n’est pas coutume, je vais m’attacher à énumérer un simple exemple pour illustrer la différence entre faire ces petits rien ou tout simplement décider de les ignorer, en imaginant les conséquences qui en découlent.

Depuis tout petit, disons je l’espère, on nous a inculqué la nécessité de se laver les dents plusieurs fois par jour, dans la mesure du possible à chaque fin de repas. Cela prend trois minutes en moyenne. Néanmoins imaginons un instant faire l’économie de ce temps consacré à cette tâche disons pendant un mois déjà. Quel en serait le résultat ? Une bouche pâteuse, la formation sans doute d’un début de carie. Si vous êtes en couple, un rejet « presque » naturel de votre partenaire à accepter de votre part de lui faire un bisou. Si vous être célibataire, une difficulté supplémentaire dans l’acte de la séduction. En réalité « presque » un harakiri… Là encore, étirons l’exemple. Si vous vous moquez de plaire ou que vous êtes tout à fait à l’aise dans ce manque d’hygiène corporel, alors disons que cela importe peu. En revanche si vous allez au travail dans un rôle administratif ou plus opérationnel en faisant le pari presque « absurde » de voir comment vous allez vous sentir en retirant cette habitude prise depuis l’enfance que va-t-il se passer ? Il est probable que ce délaissement de soi crée une forme de renfermement, une difficulté à aller vers l’autre et lui sourire. Cette forme de rejet sera mutuelle et in fine cela entrainera une perte de confiance, etc.

A l’inverse, faire ce « presque rien » au quotidien, peut radicalement changer les résultats obtenus sur du moyen ou du long terme. L’exercice physique est une bonne illustration de ce que constance et discipline peuvent procurer. Trente minutes de marche par jour si je ne dis pas de bêtise est recommandé par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Cela est bon pour le corps, pour la tête, au niveau des émotions vous créez de la dopamine qui vous donne un sentiment de jouissance, autrement traduit par une forme de contentement. Ce « presque rien » actif, change « presque tout ». Car cela n’est un secret pour personne, la vie sédentaire n’est vraiment pas faite pour l’être humain. Ce dernier a besoin de se mouvoir, se dépenser, pour mieux se rétro alimenter en énergie et de fait mieux vivre.

La difficulté majeure que l’on rencontre dans le coaching et plus généralement dans cette époque de notre société est la lucidité que les personnes ont de savoir ce qu’elles doivent faire, sans toutefois réussir à passer à l’action.

La procrastination est devenue en quelque sorte le « mal du siècle » après que le XXème siècle eu son lot de « mal de dos » pour des travailleurs qui découvraient les bonnes pratiques sur leur lieu d’exercice. Nous sommes sursollicités en permanence, par le téléphone, par les réseaux sociaux, par la dépendance psychique que ces outils numériques ont créée en nous, pire dès la petite enfance.

Ce « presque rien » de laisser la tablette entre les mains d’un enfant pour avoir la paix est en fait une bombe à retardement.  Car cela change « presque tout ». En effet, cette mauvaise habitude au moment où le cerveau se forme, où les connexions se font peut avoir de grandes répercussions sur le schéma mental de futurs êtres. Pour l’enfant le parent est un exemple et le fait de reproduire certains schémas par la simple observation n’est pas anodin. Pour avoir la paix cinq minutes, certains parents oublient que cela peut créer des troubles comportementaux chez ses même enfants qui vont être beaucoup plus chronophages et difficiles à gérer plutôt que de leur demander sur le moment d’aller « jouer avec ses jouets ».

Nous étions en 1989, je me trouvais chez le médecin car depuis la mort de ma grand-mère, donc à la suite d’un choc émotionnel, je faisais de l’asthme. Au passage, lorsque j’en ai compris la cause à l’adolescence, cette « maladie » disparu définitivement de ma vie. Pour en revenir à la période citée, j’avais huit à l’époque. Nous étions chez le médecin, et je me rappelle encore cette affiche publicitaire préventive. Elle indiquait un enfant dans un moyen de locomotion avec un nuage de fumée car à cette époque il était commun que les parents fument dans la voiture de surcroit vitres fermées. Cet enfant ne disait rien, dans le cas présent il était illustré avec un regard vide, désemparé. Bien sur il pouvait toussoter, mais à l’époque pour certains parents cela ne suffisait pas à changer leurs habitudes. Ce « presque rien » de fumer en voiture, pouvait légitimement aggraver la qualité d’air respiré par cet être qui au fond n’avait rien demandé. Si ces propres parents ne faisaient pas attention à lui, alors qui allait le faire.

A travers ces publicités, la société avait donc décidé en quelque sorte d’éduquer les parents et demander à ces derniers de respecter cet espace fermé qu’était la voiture pour préserver la santé de leur progéniture. Je ne parle pas bien sur des repas de famille où il était tout à fait normal pour l’époque de fumer à table, hiver comme été.

Le même débat vint par la suite animer les bars et les discothèques où tout le monde fumait à l’intérieur. Nous avions passé notre jeunesse à sortir et quelque part à subir les fumées des uns et des autres. Ce « presque rien » d’une loi passée change aujourd’hui « presque tout ».

La sécurité en voiture qui oblige le port de la ceinture a sans doute sauvé plus de vies que l’on peut imaginer. Ce « presque rien » d’une obligation consensuelle imposée à « presque tout » eut un effet impactant « presque » immédiat.

Il est probable que dans quelques années, les tablettes laissées aux enfants apparaissent pour une future nouvelle génération l’exemple typique d’un comportement qui serait nécessairement à éviter. Peut-être que les livres reviendront en force, que les petits villages verront réapparaitre le bibliobus. Cette bibliothèque ambulante qui nous laissait la possibilité de choisir un livre ou deux par quinzaine et nous procurait une joie immense à chaque passage.

Pour aller à l’essentiel, et fidèle à notre tradition d’auto-coaching…

Et vous, quel serait ce petit rien qui pourrait « presque tout » changer ? Prenez quelques instants de réflexion, ce « presque rien » à modifier peut-être précieux…

Si à ce stade vous manquez d’idée une simple suggestion, en trois étapes…

Etape 1 – Combien de temps passez vous en moyenne sur votre téléphone par jour / semaine / mois ?

Etape 2 – Pouvez-vous prendre le temps de calculer sur une semaine (ou installer une application) et faire la projection de ce temps par mois et sur une année complète. Quel est le résultat ?

Etape 3 – Et maintenant, une fois connu cet effet, qu’allez vous décider ? Autrement dit, avez-vous envie de vous demander ce que vous pourriez-vous faire « à la place » de ce temps investi numériquement, virtuellement ?

Nota : Peut-être n’avez vous pas encore l’intention d’effectuer ce changement pour vous seul(e),  néanmoins n’y aurait-il pas quelqu’un autour de vous à qui vous aimeriez montrer l’exemple ?

Un bon cheminement,

Mickaël Garin

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