Il y a un an jour pour jour, où étiez-vous ? Que faisiez-vous ? Vous ne vous remémorez peut-être pas cette date, néanmoins c´était le début du « confinement ». Un mot inscrit comme un autre dans une page du dictionnaire, qu´on aura appris néanmoins à expérimenter depuis dans notre chair. Privé de liberté, isolé chez soi, à se retrouver jusqu´à nouvel ordre loin des siens… Le masque qui était en option est devenu au fil du temps d´utilité publique, aussi nécessaire que le port des vêtements pour pouvoir se présenter en société, en compagnie des « autres ». La « bise » et autres « serrage » de mains si propres à l´héritage d´une culture latine par définition/imagination chaleureuse, auront disparu du paysage de codification sociétal. Il faut reconnaitre en l´être humain la capacité incroyable de s´adapter à un nouvel environnement ; A défaut d´être pleinement conscient qu´à chaque moment il peut décider de l´améliorer positivement. Aussi déroutant que cela puisse paraitre cette épidémie qui dure et perdure aura espérons le une raison d´être. Pour illustrer ce propos, les guerres particulièrement meurtrières entre Etats Nations européens n´ont-elles pas données naissance à une volonté commune de construire ensemble une communauté européenne ? La perte d´un être cher ne nous oblige-t-elle pas à repenser notre vie et redéfinir les priorités de notre existence ? Combien d´évènements doivent-ils avoir lieu avant que l´on ne se décide à en tirer les leçons et mettre en application ces dernières pour construire sa nouvelle réalité ?
Re-commencer signifie littéralement commencer de nouveau. A l´époque, pas si lointaine que cela, où le fait d´aller vendre des meubles dans des pays plus « exotiques » m´amusait beaucoup – car faite de rencontres et riches en échanges – une phrase que répétait beaucoup de mes interlocuteurs indiens d´origine me faisait sourire autant que m´interpellait : « Same, same but different ». Véritable philosophie de vie, pour ne pas dire de négociation, je ne manquais par l´occasion de m´inspirer de cette réplique pour expliquer une caractéristique produit ou même justifier un prix. Exemple illustré : « Certes à priori il s´agit de la même armoire (pour rester dans la thématique du secteur d´activité concerné) néanmoins cette dernière répond encore davantage à un besoin marché/client, etc. ». Le « same, same but different » était une porte d´entrée magnifique à un monde que l´on pense être devenu « trop » standardisé. Au-delà de l´aspect strictement professionnel, avec le temps, ce que j´ai surtout retenu de cette expression c´est qu´au final nous avons le choix de voir les choses à priori « similaires » (cf same) avec un regard neuf, joyeux, émerveillé ; Ou, à contrario, considérer que ces mêmes choses font partie d´une certaine « routine », trop souvent synonyme d´ennui. Re-commencer peut signifier faire les mêmes choses tout en conservant entrain et enthousiasme. Re-commencer peut tout autant vouloir dire « trainer son spleen » en espérant une intervention extérieure pour changer le cours de notre vie.
Chaque jour, chaque matin, chaque rencontre offre l´opportunité de « re-commencer », laisser derrière nous la journée d´hier qui, de fait, n´existe plus. Eviter de trop « penser » au lendemain tout en visualisant là où on veut se rendre au cours des six prochains mois, de la fin de l´année ou à horizon cinq ans. Se projeter vers son desiderata profond futur n´exclue en rien le fait de profiter pleinement du moment présent. A l´inverse, ne penser qu´à ce dernier en se refusant d´écouter ce qu´il nous tient vraiment à cœur de réaliser serait un contre sens pour l´espèce « homo sapiens (sapiens) » dont nous faisons partie. Croitre, se développer, regarder devant, la tête droite, au loin, a permis à l´homme d´exister en tant que tel et de se différencier de ses congénères, et donc de marquer le début d´une évolution qui auront conduit jusqu´à la naissance du language. Lequel, nous permet de communiquer aujourd´hui. Au travers de ces quelques lignes, par exemple, de transmettre une pensée. Car, il y a un an, individuellement et collectivement, le 16 mars 2020 marqua le début d´un cycle nouveau auquel nous n´etions visiblement pas préparé; Il nous appartient lors de ce bilan particulier d´anniversaire de prendre un peu de temps pour retranscrire ce que nous avons depuis appris sur nous, et sur la vie avec les autres. La période a été globalement tourmentée, compliquée. Certains ont perdu leur emploi, leur maison, leur repères, une partie (même provisoire) de leur santé. La joie de vivre a pu être mise à mal (nota : Un film comme « la vie est belle » peut produire le meilleur des effets pour nous permettre de relativiser, du moins le temps d´une séance). D´autres on pu voir un ou plusieurs êtres chers s´en aller, perdu de vue certains compagnons de route, partenaire de vie, un(e) ami(e) ou un(e) confident(e) qui du fait de la distanciation sociale a pu naturellement s´éloigner. Néanmoins toutes et tous, si nous sommes malgré tout en vie, c´est que nous sommes par voie de conséquence projetés dans l´arène de cette existence. Profitons-en. Nous avons à chaque moment l´occasion de faire de cette journée, de ce moment, de cette seconde, un instant unique, choisi, vécu. De nouveau, profitons-en. Laissons le passé là où il appartient tout en menant le « bon combat » si justement nous avons besoin de résoudre certaines problématiques d´antan pour mieux avancer. Laissons les conflits (juridiques, d´entreprise, familiaux en cas de séparation) aux professionnels en charge de les résoudre, tout en faisant au préalable notre part. De même que les histoires de famille à leur juste place. Un ami qui se reconnaitra dans ses lignes m´avait justement parlé de la nécessité de « fermer des boucles ». Ce nouveau cycle qui célèbre les un an d´une période tumultueuse dans notre époque contemporaine a le mérite d´exister, du moins dans notre imaginaire. Chacun est bien sur libre de constater ce qu´il a fait appris de cette expérience, de ce temps de repli, de cette période d´introspection. En ce qui me concerne je profite de l´occasion pour affirmer une forte résolution, celle d´écrire chaque jour. Que ce soit en tenant un journal intime, en diffusant certains écrits ou tout simplement en utilisant encore davantage le papier-crayon pour clarifier au mieux sa pensée. Ecrire sur un support vous enlève de la tête certains tracas, personnels ou professionnels, vous donne une hauteur de vue sur une problématique à résoudre, une perspective nouvelle sur une situation à aborder différemment pour mieux décider. Ecrire pour moi est surtout l´occasion de re-commencer le plaisir de remplir une page blanche, pour lui donner vie et le cas échéant donner envie.
Et vous, fort de cette dernière année d´expérience, par quoi souhaitez-vous re-commencer ?
Un bon cheminement…
Mickaël Garin