“Laissez-moi tranquille », « j´ai besoin d´être seul(e) ». Combien de fois avons-nous entendu ces paroles ? Combien de fois les avons-nous prononcés ? Puis quelques temps après, téléphone en mains ou envie débordante de voir un proche, on ressent le besoin pressant d´être (re)connecté au monde, en lien avec les autres. Voici sans doute l´un des plus grands paradoxes de l´être humain qui oscille entre deux états : La nécessité de prendre du temps pour soi, du recul, un temps de tranquillité ; Et une boulimique envie de partager, contribuer et d´avoir un lien social fort. En témoigne le succès des réseaux sociaux de notre monde contemporain.
« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » Proverbe africain. Depuis quelques temps, cette citation me revient en boucle. On est forcément sensible à ce qui nous interpelle, ce qui nous émeut. Le développement personnel est une constante dans mon parcours de vie, comme bien d´autres de mes confrères d´ailleurs qui exercent ce beau métier de professionnel de l´accompagnement. Ce dernier faisant à merveille le liant entre un nécessaire travail d´introspection chez l´autre afin que ce dernier transforme en lui, dans sa réalité, et la réalisation de ses projets en compagnie de ses proches, équipe et/ou collègues de travail.
Car il est évident que malgré la légende urbaine (ou rurale, c´est selon) personne ne s´est vraiment « fait » tout seul. Déjà parce que dès notre naissance nous avions naturellement besoin du soutien extérieur, d´un référent pour nous nourrir, nous changer, et plus généralement veiller sur nous. Ensuite parce que le fait d´être né dans une famille, nous permettait de faire partie d´un groupe, d´une tribu. On observait le comportement de nos ainés avec attention, ne manquant pas de reproduire certaines de leurs façons d´agir et de communiquer. L´entrée à l´école constituait une première « vraie » confrontation au monde extérieur. Que l´on soit fille ou fils unique et/ou habitué(e) à interagir à la maison avec ses frères et sœurs, une nouvelle place devait être naturellement être fait dans notre cercle, en milieu scolaire. Il était nécessaire de s´ouvrir pour accueillir de nouveaux camarades de jeu (y compris pour les jumeaux ou jumelles d´ailleurs). Les enfants ont cette particularité d´affirmer presque intuitivement ce besoin d´appartenance à un groupe. Certains dessins traduisent d´ailleurs cet état d´esprit collectiviste.
Pour les sportifs, il y a ceux qui choisissent à priori un sport dit « individuel » et d´autres un sport plus « collectif ». Si cette distinction peut avoir du sens, reconnaissons néanmoins qu´il est difficile de jouer totalement en solo au tennis ou au ping-pong. Il est vrai cependant que la natation ou le golf s´inscrivent davantage dans cette première définition. Lorsque l´on s´enregistre dans un club de sport, pour faire partie par exemple d´une équipe de foot ou de rugby, une ambiance particulière existe. A la fois taquine ou avec un chambrage (quasi) permanent. C´est selon les équipes ou les environnements. Mieux vaut avoir le sens des mots et de la répartie pour se faire une place dès les premiers instants au sein du groupe. La timidité excessive peut être sanctionnée ou acceptée suivant le niveau de performance sur le terrain ou la propre perception de nous-même que l´on peut transmettre sans le vouloir à nos acolytes.
Dans tous les cas on apprend beaucoup sur soi à côtoyer les autres. Le fait de se confronter permet surtout de s´affirmer. Car que l´on veuille ou non il est important de prendre sa place. Raison pour laquelle dans les Universités, Ecole de commerce ou d´Ingénieur il est de bon ton de faire partie d´une association. Là encore l´exercice vise à permettre d´intégrer une équipe, un groupe, investit dans une mission aussi noble soit-elle ou afin de profiter collectivement d´occasions festives. Petit aparté, je ne sais pas si les soirées arrosées d´Ecole de Commerce sponsorisés par les marques d´alcools sont toujours aussi fréquentes aujourd´hui qu´à une certaine époque.
Voilà une partie de ce que l´on apprend tardivement au cours du cursus académique. A degré de compétences égales, ce sont bien les activités extrascolaires, la capacité à devenir leader et la singularité d´un parcours de vie en parallèle des études qui marquent la différence dès la finalisation de ces dernières.
Diplôme en poches, avec quelques stages effectués çà et là, chacun se démène pour trouver son premier « vrai » emploi. Et là une période d´intégration commence pour à la fois assimiler ses nouvelles fonctions et se fondre dans un nouvel environnement. La boule au ventre pour certains, d´un naturel davantage décontracté pour d´autres, chacun affronte ce nouveau défi avec plus ou moins d´aisance. A l´image de notre respiration, où l´on inspire puis on expire de manière discontinue, l´interaction est constante entre notre monde intérieur et le monde extérieur.
Le regard bienveillant d´un responsable attentif ou le sourire complice d´un(e) collègue attentionné(e) peut permettre de se sentir soutenu dès ces premières prises de contact. Cet effet n´est pas neutre, car même si la réussite d´une prise de poste est une affaire individuelle, sa réussite dépend avant tout d´une responsabilité collective. Certaines entreprises ont davantage de difficultés que d´autres à intégrer de nouveaux venus. Certains se sentant même « menacés » par ces nouvelles recrues. Cela étant, dans un monde en perpétuel évolution, avec une nécessité d´adaptation constante à de nouveaux changements rappelons-nous que tout n´est pas seulement affaire de compétition, et que la coopération est tout autant nécessaire.
Certaines fonctions itinérantes comme celles des personnes occupant des postes de commerciaux peuvent apparaitre perturbés en ce moment. Métier de contact par excellence, les nombreuses heures passées sur la route, à l´hôtel étaient récompensés par ses moments privilégiés en clientèle. Car c´est un fait, l´ère du télétravail, confinement oblige, est en train de se démocratiser. Si certains repères peuvent se trouver chamboulés, il ne tient qu´à nous de trouver un équilibre efficient entre nécessaires tâches à accomplir et moments de partages qualitatifs, même au travers de la technologie, avec nos proches, collègues de travail ou clients.
Pour revenir à l´objet de ce texte, le but n´était autre que de rappeler que même si l´on a envie de travailler « seul(e) » on a dans tous les cas besoin des autres. Vous pouvez vous libérer de la présence d´un chef ou d´une contrainte hiérarchique, néanmoins votre client, celui à qui vous vendez, ou plutôt celui qui décide de vous acheter, sera votre nouvel interlocuteur.
A l´inverse, par exemple pour des fonctions managériales ou d´encadrement d´équipe, un travail de recentrage sur soi est bien souvent nécessaire pour amorcer une journée dans les meilleures dispositions et faire en sorte qu´elle se dessine sereinement pour vous et votre équipe.
Pour conclure, et trouver un moyen organisationnel simple : Avez-vous l´habitude de prendre 5 à 10 minutes de votre temps pour écrire vos trois priorités professionnelles et personnelles de la journée ? Le faites-vous dans la tranquillité du matin ou plutôt la veille au soir ?
Si vous pensez qu´il n´est pas utile de le faire pour vous, peut-être serait-ce là l´occasion de vous demander si cela pour l´être en revanche pour d´autres personnes de votre entourage personnel ou professionnel ?
Un bon cheminement…
Mickaël Garin.
Une réflexion au sujet de « Seul(e) et ensemble »
Bravo très beau texte …le moment est effectivement propice à cette prise de conscience …réflexion personnelle