Célibataire ou en couple, introverti ou extraverti, esseulé ou membre actif d´une communauté, nous avons tous besoin, à un moment donné, de nous tourner vers l´autre. A fortiori, dans une situation comme celle-ci où les effets du confinement peuvent naturellement nous « taper sur le système ».
L´être humain est avant tout un « animal social ». Depuis la nuit des temps et jusqu´à aujourd´hui ; Dès notre venue au monde et jusqu´à notre dernier souffle, il en est ainsi.
L´actualité témoigne du cas où quelques personnes âgées privées de tout lien social se laissent dépérir. On s´aperçoit que malgré tout ce que les techniques les plus avancées de la Science permettent de combler, la qualité des relations interpersonnelles est sans nul doute une des données les plus importantes à prendre en compte dans tout processus de guérison. Dur constat que celui de se rendre compte que le stress et la pression quotidienne dans certains environnements nous éloigne de gestes de bontés dont certains de nos congénères, et nous les premiers, aurions pourtant bien besoin.
Lorsque l´on est pris dans ses propres tourments, que l´accumulation des préoccupations quotidiennes se fait sentir, il est urgent, pour ainsi dire, de faire en sorte de « sortir de sa tête ». La nature a des vertus réparatrices, apaisantes, relaxantes. Ses senteurs, et le fait d´avoir de la vie autour de soi, un effet revigorant sur nos organismes car il nous donne l´impression, et c´est déjà beaucoup, d´être réellement en vie. De la même manière, dans ces moments de tracas intenses, auquel chacun de nous devons faire face, qu´il est bon de pouvoir compter sur la présence rassurante d´un(e) ami(e), confident(e) qui prendra le temps de nous entendre, et surtout nous écouter.
Il n´est pas toujours aisé de prendre le téléphone dans ces moments-là, « oser » conter nos ennuis, nous montrer tel que l´on est, avec nos doutes, nos faiblesses. Néanmoins c´est un grand pas en avant que celui de s´ouvrir à l´autre, et un honneur pour « l´autre » d´être en quelque sorte « choisi » pour cet accompagnement affectueux. Fait de soutien et réconfort, sans jugement et avec bienveillance. Il est de notre devoir, plus que notre responsabilité, d´être là, à ses côtés, pour accompagner, du mieux que l´on sait, du mieux que l´on peut. L´intention compte davantage que la « technique ». L´amour de son prochain, véritable et sincère, a plus de valeur qu´un soutien de façade. Des personnes se sont formés professionnellement pour faire de cet accompagnement leur métier. Thérapeutes, psychologues, coachs, sophrologues, naturopathes, acuponcteur, etc.
En période de turbulences, ce panel d´individus spécialisé dans un ou plusieurs domaines peut aider. Libre à chacun bien sûr de choisir en fonction de ses priorités, ses envies et/ou degré d´ouverture. L´expérience montre qu´il est paradoxalement plus compliqué de se confier à des personnes de notre entourage proche, plutôt qu´à des personnes plus « neutre ». Raison pour laquelle, l´intensité qui se produit lors de voyages en mode « sac à dos » est telle qu´elle peut même provoquer une forme d´addiction. En effet, en une rencontre, une journée ou nuit d´échange, il nous arrive souvent de confier à une personne « étrangère » souvent beaucoup plus d´informations sur notre vie, nos émotions, nos expériences passées, notre manière de fonctionner et même nos rêves plutôt qu´à bons nombres de personnes qui à priori font partie de notre cercle amical/familial.
Au cours d´un long périple à pied qui aura duré au total 63 jours, pour environ 1 800 km de distance parcourue, je me rappelle avec une belle émotion l´intensité de quelques-unes de ses rencontres journalières. Furtives pour certaines, mais surtout réellement impactantes pour d´autres. Certes l´endroit et le lieu favorisait ce type d´ouverture, nous étions sur les routes de Compostelle. Chemin mythique où depuis des centaines d´années passent et repassent des pèlerins à la recherche d´une forme d´apaisement intérieur. Un temps de passage fort dans mon parcours de vie, comme bons nombres de personnes qui auront découvert ces sentiers, cet esprit du chemin. On ne revient pas tout à fait comme avant d´un temps fort comme celui-là, réellement salvateur pour certaines situations. Si vous avez une décision importante à prendre tel qu´un changement de travail, un divorce, une cicatrisation nécessaire après une rupture amoureuse, une rupture de vie, alors voilà un magnifique remède à prescrire. Prendre votre sac à dos, des bonnes chaussures de marches, le minimum vital nécessaire et sillonner, quand la situation sanitaire le repermettra, sur les routes de Compostelle (dans cas précis) ou ailleurs afin de vous retrouver, (re)prendre le chemin de votre vie.
S´ouvrir à l´autre permet également d´apprendre sur soi, et en quelque sorte de continuer notre progression personnelle, professionnelle. Accueillir un stagiaire dans ses locaux, ou un nouveau collaborateur, offre l´opportunité unique de faire découvrir son univers, un mode de fonctionnement à un individu. Expliquer l´organisation en place permet de se rendre compte de certaines incohérences, et le cas échéant de pouvoir les corriger afin de les améliorer. Transmettre son savoir et ses connaissances est un formidable outil pour faire le point sur ses compétences actuels, et celles qui restent nécessaires à aller chercher.
Communiquer avec son conjoint(e), vivre avec elle/lui permet de partager des moments de vie, des prises de consciences ou des projets à réaliser pour chacun et bien sûr à deux. Au fond la vie est faite de projets, d´envies individuelles et mutuelles. Cette relation à deux est par nature « confrontante » dans la mesure où l´autre met souvent le doigt sur nos incohérences du moment, de l´instant. Reconnaitre que l´on est fatigué plutôt que de s´énerver. Demander pardon lorsqu´on l´on n’a pas eu le comportement approprié. Dire merci pour le bon repas servi ou le service rendu. Et démontrer par des actes, des petites attentions qui prouvent que l´on tient à l´autre dans le respect de son « langage » de l´amour qu´il faut apprendre à étudier, dompter.
In fine, passer de un à deux c´est également, principalement apprendre à accepter l´autre tel qu´il est, sans vouloir le changer, sans le juger. L´aimer pour ses défauts ou ses qualités ou ce qui revient au même pour la qualité de ses défauts. En période de secousses, comme c´est le cas depuis cette situation inédite du confinement, il faut choisir entre laisser tomber l´autre ou au contraire redoubler d´effort.
Si en Mathématiques, le « deux » vient après le « un », ce modèle est également transposable dans le fait qu´il faut déjà, pour être bien à « deux » faire en sorte que le « un », notre unicité, fonctionne mieux.
Pour ce faire, expérimentons ensemble les bienfaits de soutenir et de se sentir soutenu.
Concrètement ; Et vous, à qui avez-vous envie de vous confier ? Avec qui souhaiteriez-vous faire un bout de chemin pour réaliser un projet qui vous tient à cœur ?
A qui pouvez-vous proposer d´être une oreille attentive ? Pour quelle personne de votre entreprise ou de votre entourage sentez-vous que votre présence pourrait constituer un soutien ?
Merci à vous, pour vous.
Un bon cheminement…
Mickaël Garin