Envie

Voilà déjà plusieurs jours, en fait depuis début octobre, que je souhaitais écrire sur la notion du mot « envie ». Ce fameux terme qui comme tant d’autres comporte un double sens. Un premier, très positif, qui rappelle la nécessité d’avoir « envie » pour faire, progresser, se réaliser. Il est souvent assimilé à la motivation intrinsèque de chacun pour se « driver » au quotidien. Ou plus généralement pour se « raccrocher » à quelque chose de plus intense, profond. Un second, moins glorieux, qui vise à regarder avec jalousie ce que d’autres ont pu acquérir ou réaliser à un certain stade de leurs vies.

Commençons par le positif, autrement dit l’envie au sens noble.

L’envie d’apprendre, lire, écrire, jouer pour un enfant fait partie intégrante de sa nature. L’envie de créer, partager, construire, avancer pour un adulte – hormis traumatisme de la vie – est également une part importante de sa vie. Dans une société où tout va très vite, où le temps passé derrière les écrans est de plus en plus important, il faut veiller à prendre soin de son temps de cerveau disponible et décrocher suffisamment pour garder en tête la réalisation de ce qui nous anime vraiment, prendre le temps nécessaire et l’énergie qui va avec afin de réaliser ce dont on a réellement envie dans nos vies.

En y réfléchissant, l’envie est la traduction d’un désir profond, d’un besoin, à faire ce que l’on a véritablement envie de faire au fond de notre cœur. L’envie, ce que les argentins appellent la « garra » est tout simplement la « gnac » en français.

L’envie est aussi la résultante de ce que l’on a décidé en amont. L’envie de réussir ses études, sa présentation, sa vie de famille, etc. Tout cela part d’une décision forte à un moment donné de se « bouger les fesses », de se « faire violence », de sortir de sa zone de « confort » pour aller chercher ce qui nous correspond, en fait ce que l’on estime légitime, ce qui nous revient ou doit nous revenir.

Se donner rendez-vous avec sa destinée par exemple n’est pas un chemin sans embûches. Il faut avancer, défricher, se heurter quelques fois à des obstacles. Se décourager, se sentir dépité, se demander ce que l’on fait là. Puis se reprendre, penser à son rêve intérieur, ce que Paulo Coelho appelle sa « légende personnelle » et relever la tête. Remettre son chapeau et/ou reprendre son bâton de pèlerin et décider fermement de continuer la route. Car on peut faire ce que l’on veut « l’envie d’avoir envie » est un cheminement personnel.

La part éducationnelle est importante dans cette nécessité de transmettre à ses enfants ou à la prochaine génération, cette « envie » de se dépasser, d’aller plus haut, plus loin. On le voit chez certains artistes ou personnalités connues qui partagent la difficulté de transmettre la flamme à leur progéniture. C’est presque normal de vouloir donner à ses enfants ce que l’on n’a pas connu nous-même à leurs âges. Néanmoins, le retour de la médaille est que ces derniers ne valorisent pas toujours les efforts et les difficultés de leurs parents et que conséquemment ces mêmes enfants n’ont à priori pas le même gout de l’effort.

Il y a quelques années, en fait cela remonte à plus de vingt ans, je me rappelle d’un débat que nous avions eu un classe de Terminale avec un professeur d’Economie et de Gestion, Mr Pichon. Ce dernier avait partagé une anecdote sur le fait que Jean Jacques Goldman ne donnerait pas d’héritage à ses enfants car il estimait que c’était à eux d’aller chercher et obtenir ce qu’ils voulaient ou méritaient dans la vie. C’était peut-être un temps où on pouvait prendre des exemples de l’actualité pour illustrer et donner vie à un cours d’Economie et le rendre plus « vivant ». D’ailleurs de cette époque, je me rappelle la première définition sur la notion économique du mot besoin : « Sentiment de privation qui consiste à le faire disparaitre ».

Tout était dit, la loi de l’offre et de la demande, la main invisible d’Adam Smith et par la suite l’approche du keynésianisme n’avait qu’à bien se tenir. En fait, tout notre économie ou presque tient sur un sentiment proche d’une émotion des plus basique et en même temps primaire, le besoin, et ce qui revient au même au sentiment de privation.

En reprenant la même définition donc et en contrepartie, l’envie consiste à aller chercher ce que l’on estime nous manquer dans notre vie au niveau matériel, spirituel, d’intensité de rencontres ou d’expérience.
L’envie vise à couvrir et donc aller chercher ce besoin d’insatisfaction presque « chronique » chez l’individu. Cela peut être à la fois moteur, comme nous l’avons vu précédemment, tout autant qu’un frein lorsque justement on regarde trop chez le voisin, en imaginant que l’herbe de sa pelouse est plus verte.

La jalousie, me dit un jour un ami dans le cadre du programme Erasmus Jean-Vincent, est le pire sentiment chez l’être humain. Car cela a des répercussions en tout. Dans ses relations, quelqu’un de jaloux aura tendance à ne pas laisser l’être aimé voguer à sa guise. Dans les affaires, le fait d’être obnubilé par ce que fait la concurrence peut éloigner de notre idée de départ. Une personne jalouse ou envieuse de la femme ou du mari d’un proche, passera son temps à se demander pour quelle raison lui ou elle n’a pas la chance d’avoir quelqu’un à ses côtés, et finalement cela ne fera que rendre davantage aigri la personne. Le cycle infernal continuera de plus belle.

En résumé, la résonnance du mot envie dépend avant tout de celui ou celle qui le prononce et surtout de la perception de celui ou celle qui l’entend.

Et vous, spontanément quand vous entendez ce mot a-t-il une résonnance positive ou plutôt négative ?

Faites le test, soyez sincère avec votre réponse et en fonction du résultat continuez à travailler sur vous car au-delà de l’envie le plus important pour changer sa perception est surtout que vous soyez « en vie ».

Un bon cheminement.

NB : Pensée profonde à toutes les victimes civils (tous territoires confondus) des conflits en cours (dont femmes et enfants) en ce mois d’octobre noir. Que l’envie de construire la paix soit réelle et permette à une majorité de rester « en vie ».

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