Fête du travail (sur soi)

Le 1er mai est un jour important dans l’activité productive de l’année, les usines sont à l’arrêt, les bureaux fermés, les travailleurs en congés (du moins la plupart). Dans bon nombre de pays dans le monde, le 1er mai est synonyme de manifestations syndicales, venant témoigner de l’évolution de la société au fil des décennies. Malgré les apparences, les principaux combats perdurent. Je ne parle pas de la « lutte » entre une classe et une autre, néanmoins de la nécessité d’améliorer ses conditions de vie.

La bulle inflationniste que nous connaissons depuis la période post confinement, les guerres intestines de l’histoire de notre civilisation (revenues sur le territoire européen), font naitre un sentiment d’insécurité quasi permanent où la nécessité de disposer d’une source de revenus principale via un travail ou une activité est une priorité pour la grande majorité d’entre nous.

Dans les organisations (entreprises privées notamment), exceptionnellement fermées en ce premier jour du mois de mai, la mission première est de créer de la « valeur ajoutée » au travers la production de biens ou de services, lesquels sont commercialisés et proposés sur le marché à différents consommateurs que nous sommes.

Car c’est un fait, pour fonctionner le système économique dans lequel nous vivons a besoin de producteurs autant que de consommateurs.

La société de consommation tant décriée a au moins ça de bon, elle permet de faire tourner la machine. Autrement dit, de faire rentrer de l’argent et de le faire circuler par le mécanisme de la redistribution. Cette valeur ajoutée a une taxe du même nom. Ladite taxe correspondante dans notre pays (qui représente environ cinquante pour cent des recettes fiscales), est essentielle pour préserver le système.

Une journée comme aujourd’hui, permet de faire une pause, de prendre un petit peu de hauteur dans son quotidien professionnel.

En effet, de mon point de vue, c’est comme si cette journée (située au milieu de la semaine dans le cas précis de cette année 2024) était l’occasion de donner un autre sens, hors de son statut professionnel habituel, hors de son travail. Extrait momentanément de son environnement professionnel, l’individu a donc l’occasion de se focaliser sur une autre part importante de la vie, de sa vie, du moins le temps d’une journée.

Car si réussir dans la vie est une chose, réussir sa vie en est vraiment une autre.

Si le travail ou la réalisation d’une activité professionnelle de toute nature que ce soit (dans la limite de la légalité bien sûr) est un élément essentiel dans la réussite d’une vie, la construction de liens familiaux et amicaux forts participe grandement à ce que cette vie soit pleine et épanouissante.

Le 1er mai me rappelle systématiquement une période de ma jeunesse. En effet, dans la région d’où je viens (petit village près de Lyon) la fête des muguets était l’occasion pour les jeunes de se réunir, en général sur la plage du village, et « d’aller chanter le mai » sous les fenêtres de tous les habitants de la commune. Au niveau organisationnel, nous étions compartimentés par classes d’âges ou suivant le nombre de volontaires. En tout cas, l’occasion était parfaite de passer une fin de journée, plus une nuit entière et encore une grande partie de la journée du 1er mai ensemble.

Bien évidemment, la plupart des habitants de la commune acceptaient d’être dérangés à toute heure en nous laissant entrer chez eux, pour un temps convivial de partages, et de rigolades. La dose d’apéritif était en général bien chargée pour les plus téméraires. Au-delà des chants, la tradition voulait également que l’on récupère tout au long de cette virée des œufs, que certains habitants choisissaient de laisser devant la porte (pensant s’accorder un peu de tranquillité). Ces mêmes œufs récoltés pour la plupart viendraient s’écraser entre eux dans une omelette géante à déguster au petit matin ou à midi.

L’expérience d’une virée nocture avec des jeunes de son âge est un souvenir tout aussi impérissable que de belles vacances en famille ou de moments qualitatifs avec des proches. Le temps de la jeunesse où la nécessité de faire partie d’une bande, d’une communauté permet de se rendre compte de l’importance du groupe.

Plus tard dans notre vie adulte, l’entreprise où l’on travaille ou que l’on représente tient également une place forte dans notre vie car cela permet avant tout de faire partie d’une équipe, d’un projet.

Certaines amitiés et même plus si affinités naissent quelques fois de ce lieu.

Le télétravail a apporté énormément de bonnes choses pour celles et ceux qui ont besoin de flexibilité dans leur organisation, justement d’équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle. Le « full remote » offre l’avantage de pouvoir travailler depuis n’importe quel endroit sans être contraint géographiquement.

En contrepartie, il n’offre pas la possibilité de rencontrer physiquement ses collègues.

Petite pensée pour les personnes en recherches d’opportunités professionnelles. Vous n’avez aucune raison de vous sentir à la marge en cette journée du 1er mai. Cette journée nous rappelle la chance dont nous disposons dans la plupart des pays européens de pouvoir compter sur la force de la collectivité, dans le financement de notre système de sécurité sociale, d’une prise en charge de la plupart des problématiques liés à la santé et surtout dans l’évolution positive (malgré tout) des droits salariaux comparés à une époque antérieure, pas si lointaine.

Pour ce qui le veulent, le 1er mai est surtout l’occasion unique de passer un peu de temps avec des proches, de la famille, des amis, des collègues, d’autres manifestants mais également avec soi-même. Car dans ce dernier cas il permet de se rendre compte de ce qui compte vraiment pour vous / nous en dehors du travail.

Pour en venir à vous, avez-vous identifié ce qui compte réellement dans votre vie non professionnelle ?

Un projet à réaliser ? Une rencontre qui vous tient à cœur ? Et si le 1er mai était pour vous le début d’une ère nouvelle…

Une très bonne fête du travail (sur soi) en ce jour particulier.

Un bon cheminement…

Mickaël Garin

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